Les projets in situ de Humanum Est ancrent le son dans un contexte qui fait partie intégrante du propos artistique et/ou pédagogique. Ils proposent des situations d’écoute qui se caractérisent par :
1. un rapport au temps fondé sur l’instananéité. Dans ce cadre, le son n’existe qu’au moment de son émission, dans un présent partagé par l’ensemble des acteurs (ou, s’il continue à exister, c’est uniquement dans leur mémoire).
2. un rapport à l’espace fondé sur la présence ou, si on préfère, le présentiel. Que le décor soit une scène ou une rue, les émetteurs et les récepteurs se trouvent dans un même lieu, ce qui leur donne la possibilité d’interagir.
Ils s’inscrivent dans plusieurs domaines.
a. L’écologie sonore
Le son est intimement lié au mouvement. C’est pourquoi, pour reprendre l’expression du chercheur R. Murray Shafer, « l’empreinte sonore » d’un milieu reflète son activité, qu’elle soit naturelle ou culturelle. Les promenades auditives proposées par Humanum Est invitent les participants à écouter leur environnement depuis différents points d’ouïe (comme il existe des points de vue), afin de le décrire, le cartographier et l’analyser.
b. L’improvisation musicale
L’improvisation libre, développée depuis le début des années 1960 aux frontières du free-jazz et de la musique contemporaine, est une composition spontanée dans laquelle un musicien interagit avec d’autres musiciens et/ou avec son environnement. Affranchie des codes du rythme et de l’harmonie, l’improvisation s’autorise à utiliser tous les sons (sans distinguer ceux qui seraient « nobles » de ceux qui ne le seraient pas) et considère les accidents comme des éléments du processus créatif.
c. L’écriture ludique
Cette expression désigne des compositions fondées sur le jeu et donnant une place significative au hasard. Leur partition prend souvent une forme originale (jeu de cartes, liste d’instructions, etc.) et leur exécution comporte parfois une dimension théâtrale, comme dans certaines œuvres de Mauricio Kagel ou de Vinko Globokar.
Que leur interprétation soit individuelle ou collective, ces compositions sont accessibles aux non-instrumentistes, voire aux non-musiciens. Elles font appel à des instruments détournés de leur fonction initiale et à toutes sortes d’objets de récupération : verres, bouteilles, tuyaux, etc. Une façon de mettre en scène la poésie du quotidien.